Isabelle Druet et Florian Sempey vivent un conte de Fée

 La Cenerentola à l'Opéra de Paris

Délestée de ses attributs traditionnels – soulier de vair, citrouille carrosse – et dominée par un beau-père tyrannique en lieu et place d’une cruelle belle‑mère, la Cenerentola de Rossini se joue des figures les plus traditionnelles du conte. Cendrillon n’en vit pas moins dans un monde clos et sans tendresse, sous le joug de bourreaux qu’elle protège. Au tréfonds de cette bienveillance couve un feu que sa rencontre avec le prince libérera. De ce dramma giocoso, entre opera buffa et opera seria, Guillaume Gallienne souligne avec délicatesse les demi‑teintes, de mélancolie sourde en situations burlesques.

Pour la reprise de cette production à l'Opéra national de Paris, Isabelle Druet retrouve le rôle de Tisbé, l'une des deux soeurs tyranniques, qu'elle avait déjà incarnée en 2017.  Alain Duault a décrit ainsi cette prise de rôle dans Opera Online : "Isabelle Druet, beau timbre profond qui trouve en Tisbé de quoi marquer son passage".

Florian Sempey,  rossinien récidiviste, incarnera pour la première fois le rôle de Dandini à l'Opéra national de Paris, rôle qu'il avait déjà chanté à l'Opéra de Limoges, pour sa prise de rôle, en 2017. Christophe Rizoud, dans Forum Opéra, ne  s'était pas trompé : "Florian Sempey est noble lorsqu'il lui faut dérouler la  phrase sur le souffle dans la plus pure tradition belcantiste, comique dès que se succèdent  sans bavure et à deux cent à l'heure des vocalises en rafale. Flamboyant, fanfaron aussi mais  sans contresens, il est surtout doté de suffisamment d'autodérision pour assumer les ridicules  d'une situation qui l'oblige à contrefaire avec brio l'orgueil du maître et la rouerie du valet."

Après une saison pléthoriquement rossinienne, la saison 2018/2019 réserve la seule apparition de Florian Sempey en Barbier de Séville à l’Opéra national de Bordeaux-Aquitaine, théâtre qui lui tient particulièrement à coeur et au sein duquel il donne également un récital du soir.

L’Opéra national de Paris, très fidèle au plus en vue des jeunes barytons français, lui propose de son côté trois beaux rôles : outre ce Dandini, il a déjà interprété Nevers (Les Huguenots) en début de saison, et sera Papageno (Die Zauberflöte) en fin de saison.

La saison de Florian Sempey est par ailleurs marquée par deux prises de rôles importantes : le rôle-titre de Hamlet (Ambroise Thomas) au Deutsche Oper Berlin et celui d’Escamillo (Carmen) avec l’Orchestre national de Lille, dirigé par son chef Alexandre Bloch.

Enfin, après avoir été entendu dans Lelio ou le retour à la Vie (Berlioz) au Musikverein de Vienne il y a quelques jours, en compagnie du Wiener Symphoniker placé sour la direction de Philippe Jordan, il retrouvera cette même œuvre à la Philharmonie de Paris en mai 2019, en compagnie de l’orchestre Les Siècles, dirigé par François-Xavier Roth.

 

Parmi les autres projets d'Isabelle Druet en cette saison 2018/2019,  soulignons  le rôle-titre de Carmen (Bizet), à l’Opéra de Saint-Etienne, rôle qu’elle avait déjà interprété à l’Opéra National de Lorraine et l’Opéra de Düsseldorf / Duisburg ; et sa métamorphose une fois de plus en Baba la Turque (The Rake’s Progress) à l’Opéra de Nice.

Elle poursuit par ailleurs sa collaboration avec le chef François-Xavier Roth lors de plusieurs concerts : alto solo de la Passion selon Saint-Jean (Bach) avec le Gürzenich Orchester, alto solo de Das Lied von der Erde (Mahler) avec le Tonhalle-Orchester Zürich, Concepción (L’Heure Espagnole) en tournée (Aix-en Provence, Grenoble et Evian) avec les Siècles, puis avec le London Symphony orchestra (Barbican Center de Londres).

 

La Cenerentola, G. Rossini

Opéra national de Paris (Palais Garnier)

du 23 novembre au 26 décembre 2018