Ivresse de l'aube

Riche dans sa diversité et aux couleurs rares, la plus grande partie de ce programme de mélodies franco-japonaises est totalement inédite. Il n’a jamais été joué et encore moins enregistré auparavant. Vous y entendrez par exemple des mélodies du XIXe à nos jours composées sur des poèmes antiques japonais ou bien sur des poèmes de Camille Loivier, poétesse contemporaine.

Il vous est proposé sous forme de récital au cours duquel les artistes livrent de précieuses clefs d'écoute permettant de repérer facilement les références culturelles japonaises glissées dans les partitions entre lecture de certains poèmes chantés, anecdotes au sujet des auteurs ou bien encore contextualisation historique. A l'image de la vie au Japon, ce concert illustre et effleure avec une infinie justesse l’univers pictural et sonore propre à ce pays, loin de toute caricature nippone, mais décrit avec sincérité et intelligence. Évoluant en partie dans une dynamique méditative, lente et concise, il est aussi à l'image d'un grand nombre de savoir-faire japonais comme la cérémonie du thé, l'art du kintsugi, la calligraphie ou bien encore la concision de leurs Wakas et Haïkus.

Dans une ambiance d’abord de dépouillement et de chuchotements, on y retrouve les gestes graciles et amples des Geishas et de leurs kimonos ; le bruit unique de leurs pas, le bruissement des flocons de neige ou encore le son des instruments traditionnels qui se fraient un chemin à travers l’épaisseur de l’air, en imitation magnifique du théâtre Nô.

Mais loin de se laisser tomber dans un état de léthargie, on y explore aussi avec force le langage de l’amour, en immersion dans la vie intime d’une courtisane et poétesse de l’époque Heian (VIIe siècle), Ono No Komachi, grâce à une écriture musicale puissante, au plus près des mots de la compositrice Kaoli Ono. Le titre « Ivresse de l’aube » reprend celui de la mélodie écrite pour Brenda Poupard par Fabien Waksman, compositeur qui a remporté les Victoires de la Musique Classique 2023. Elle s’intègre dans un dyptique exaltant et lumineux.

De surprise en surprise, les deux interprètes nous offrent ce récit sensoriel dans l’âme-même du Japon et plus on l’écoute, plus l'on se laisse enivrer.