Mi Corazón español

Avec ce programme, nous proposons un voyage à travers l’Histoire espagnole du Siècle d’or à nos jours, en passant par les traditions populaires des régions ibériques, des communautés juives, gitanes, arabes, et par les chants du Nouveau Monde émancipé.

 

Comme tous les phénomènes esthétiques, la musique espagnole s'avère aussi riche et diverse que l'histoire de son peuple. Ce mélange unique d'éléments musicaux provient du fascinant brassage de cultures forgé par une histoire grandiose et tourmentée.

Dès les temps anciens, les cultures se sont côtoyées, influencées, voire télescopées dans le pays. Les Romains y avaient importé la musique de la Grèce antique et les Wisigoths celle de la chrétienté, elle même traversée d'influences juives et maures... Les musiques régionales avaient été partout vivaces jusqu'à ce que la Reconquête par les Rois catholiques les interdisent au profit d'une idéologie centralisatrice. L'empire de Charles Quint avait vu émerger la musique instrumentale qui prospéra notamment sous l'influence de la musique arabe affectionnant le oud. Les amples polyphonies renaissantes s'étaient développées au contact des voisins du nord, France et Pays Bas, et de l’Italie. Par ailleurs, alors que les possibilités de voyager se développaient sur l'ensemble du continent européen, les musiciens de tous pays se rendaient dans les grands centres culturels, particulièrement à Rome, en quête d'idées et de styles nouveaux, ce dont l'Espagne musicale bénéficiait au même titre que les autres pays.

C’est précisément cette période renaissante qui permit à l'Espagne de sortir de l'anonymat et d'attirer l'attention de l'Europe de la Contre Reforme sur des individualités montantes comme Tomas Luis de Victoria, Francisco Guerrero, Cristobal Morales... Le Siècle d'or noua un lien intime entre théâtre et musique dans le sillage d'un humanisme fasciné par l'exploration de l'âme humaine. C'est ainsi qu'apparurent, aux XVII et XVIII siècles, l'opéra et l'oratorio espagnols, avec de grands noms tels que Antonio Literes, Jose de Nebra et Tomas de Torrejon et Velazco. Naquit alors une forme d'opéra, plus légère et typiquement espagnole, la zarzuela, qui deviendra un véritable phénomène culturel encore vivace aujourd'hui.

Mais au XIX siècle, la musique classique espagnole s'étiola en un long déclin, parallèle à celui de l'empire qui rétrécissait comme une peau de chagrin et qui perdait une à une toutes ses possessions latino-américaines. Le peuple espagnol, blessé dans son identité, dut alors puiser dans ses propres racines une énergie culturelle renouvelée. Mais l’Europe, la France notamment avec Bizet, Massenet et tant d'autres, ne vit plus dans la musique espagnole qu’un folklorisme haut en couleurs qui alimentait son imaginaire et ses rêves d’un ailleurs.

Au tournant du siècle pourtant, des musiciens et interprètes espagnols comme Granados, Sarasate, Albeniz, Turina, Ricardo Vines, Manuel de Falla... attirèrent de nouveau les projecteurs européens sur une Espagne fière de sa culture populaire si bien chantée par Federico Garcia Lorca. Les couleurs et les rythmes flamenco issus d'une fusion de l'héritage mozarabe et des traditions ibériques, nourrirent particulièrement le renouveau de la musique espagnole au XX siècle. Même si la dictature franquiste musela autant les cultures régionales que la modernité pendant 50 ans, le pays sut tout de même revaloriser son extraordinaire héritage musical populaire sans pour autant négliger son ouverture aux esthétiques européennes d'avant garde.

 

Durée du spectacle : 1h  env. (avec entracte)

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